jeudi 20 mai 2010





Un premier rendez-vous, un premier succès ! Le collectif pluraliste pour la sauvegarde et le développement du triage SNCF de Villeneuve-saint-Georges a tenu sa première réunion publique mardi 18 mai à Villeneuve-triage. Plus 200 personnes ont participé au débat. Parmi elles, de nombreux syndicalistes (SUD Rail, CGT, CFDT), de nombreux élus locaux, départementaux, régionaux, parlementaire [1]… La discussion a montré une large convergence de vue des participants quand à l’analyse de la situation du fret ferroviaire. Le projet de la SNCF d’abandonner l’essentiel du transport des marchandises par lotissement (Wagon isolé) et de fermer de nombreux triages dont celui de Villeneuve-saint-Georges ou du Bourget, a été jugé inacceptable par l’ensemble des intervenants. Le caractère anti-démocratique d’une telle décision a été particulièrement souligné s’agissant d’un dossier qui concerne l’intérêt général. De nombreux témoignages ont montré que le rail a de l’avenir et des exemples de développement possible du trafic ont été données, comme par exemple sur le site industriel de Villeneuve-le-Roi. SNCF et gouvernement doivent entendre ces exigences et renoncer à leur projet de fermeture du triage ! Le collectif sera présent et aura un stand lors de l’escale du Festival de l’Oh ! à Villeneuve-triage les 12 et 13 juin prochain. Enfin, le collectif a rappelé sa demande d’une entrevue avec Monsieur le ministre de l’environnement, de l’énergie, du développement durable et de la mer, ainsi que la tenue d’une table ronde sous l’autorité du préfet du Val-de-Marne concernant l’avenir du triage et du site ferroviaire de Villeneuve-saint-Georges. Cette entrevue pourrait réunir l’état, les collectivités, la SNCF, RFF et les organisations syndicales. Dans cet esprit, fort de cette première étape de mobilisation réussie, le collectif discutera dans les prochains jours d’une nouvelle initiative qui pourrait prendre la forme d’un appel au rassemblement devant la préfecture courant juin. Le Collectif pluraliste pour la sauvegarde et le développement du triage SNCF de Villeneuve-saint-Georges Villeneuve, le 20 mai 2010 Contact presse: 01 43 86 38 10triagevsg@free.fr

[1] Parmi eux : Sylvie Altman, maire de Villeneuve-saint-Georges, conseillère régionale d’Ile de France, Françoise Baud, maire de Valenton, Odette Terrade, sénatrice du Val-de-Marne, Jo Rossignol, maire de Limeil-Brévannes, conseiller général, Christophe Carrère, maire-adjoint de Crosne, Jacques Picard, conseiller régional d’Ile-de-France, Alexandrine Seri, maire-adjointe de Bonneuil/Marne, Joël Josso, conseiller municipal de Villeneuve-le-Roi, Danielle Maréchal, conseillère générale, Marc Thiberville, conseiller général,….[1] Parmi eux : Sylvie Altman, maire de Villeneuve-saint-Georges, conseillère régionale d’Ile de France, Françoise Baud, maire de Valenton, Odette Terrade, sénatrice du Val-de-Marne, Jo Rossignol, maire de Limeil-Brévannes, conseiller général, Christophe Carrère, maire-adjoint de Crosne, Jacques Picard, conseiller régional d’Ile-de-France, Alexandrine Seri, maire-adjointe de Bonneuil/Marne, Joël Josso, conseiller municipal de Villeneuve-le-Roi, Danielle Maréchal, conseillère générale, Marc Thiberville, conseiller général,….
l'intervention de Marc Thiberville.
Intro réunion du 18 mai

Place Mouliérat - Villeneuve triage





· Madame le maire de Villeneuve-saint-Georges, conseillère régionale d’Ile-de-France, chère Sylvie,
· Madame le maire de Valenton, chère Françoise,
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· ….
· Messieurs les représentants des organisations syndicales
· Mesdames et messieurs,


Le triage SNCF de Villeneuve-saint-Georges doit vivre !

C’est derrière cette affirmation forte que nous sommes réunis nombreux ce soir à Villeneuve-triage, à deux pas du site ferroviaire. Je tiens tout d’abord à vous remercier de votre participation à cette première initiative d’information, d’échange et de mobilisation autour des enjeux concernant le fret ferroviaire, Fret SNCF et l’activité du triage, à l’initiative du collectif qui vient de se créer pour sa sauvegarde et son développement qui regroupe en son sein citoyens, élus, syndicalistes … Toutes celles et tous ceux qui n’acceptent pas le déclin de l’activité de transport ferroviaire des marchandises.

Notre action s’inscrit aux cotés de nombreuses initiatives menées à travers le pays et qui entendent s’opposer au démantèlement du transport par wagons. Je pense aux mobilisations larges et multiformes qui ont rassemblé élus, cheminots et population dans nombre d’endroits comme Somain, Porte-lès-Valence, Miramas, le rassemblement organisé sur le site du Bourget l’an passé. et bien d’autres encore

Je pense aux mobilisations des cheminots jusque dans la grève d’avril dernier, qui portait aussi sur des enjeux de société forts, et le Fret en est un, mais dont on n’a rien dit, ou si peu, dans les médias en général.

Notre action autour de l’avenir de notre triage a donc une portée générale et se veut en convergence avec d’autres actions de ce type. C’est le premier point important que je voulais souligner.
C’est important, car nous avons la conviction qu’en multipliant ce type d’initiatives nous permettrons d’élever un rapport de force capable de faire reculer la direction de la SNCF et le gouvernement et empêcher ainsi la condamnation programmée du trafic par wagons isolés.

En fait, à notre échelle et avec nos moyens, nous voulons permettre le débat public, celui qui nous est refusé concernant un dossier aux conséquences multiples pour la population, pour les territoires et le pays tout entier.

Car ce qui caractérise la décision de la SNCF et du gouvernement de vouloir abandonner le wagon isolé et de fermer la quasi totalité des triages en France, est en premier lieu son caractère anti-démocratique.

Cette décision est une oukase. Elle n’a eu pour seul lieu de débat que les cabinets ministériels et les bureaux des dirigeants de la SNCF et de sa branche Fret. Elle n’est la traduction que d’un choix d’entreprise guidé par des considérations comptables, sans rien intégrer des enjeux de société auxquels nous sommes confrontés s’agissant du développement économique et de l’emploi, comme des impératifs environnementaux.

Même en interne à la SNCF, le débat de fond n’a pu avoir lieu sérieusement, mais les représentants des organisations syndicales le diront mieux que moi.
Comment peut-on, dans ce pays, laisser la technostructure décider à la place des citoyens et des élus de la vie ou la mort d’une activité qui relève de l’intérêt général, sans même un débat public, sans même tenter de justifier ce choix.

Nous considérons, pour notre part, que la SNCF appartient à la nation toute entière et non à une poignée de dirigeants qui n’ont de compte à rendre à personne. C’est pourquoi, notre première exigence est celle du débat démocratique et citoyen. Si la SNCF et le gouvernement sont sûrs de leurs choix, alors que craignent-ils du débat public ?

Notre collectif s’est adressé dans ce sens à monsieur Jean-Louis Borloo, ministre d’état en charge de l’environnement, de l’énergie du développement durable et de la mer, lequel ministère « coiffe » le secrétariat d’état au transport dirigé par monsieur Dominique Bussereau.

Nous attendons sa réponse, mais c’est aujourd’hui publiquement que nous renouvelons notre demande.

Nous avons aussi interpellé le député de notre circonscription, monsieur Didier Gonzalès à ce sujet et nous sommes, là aussi en attente de réponse.

Depuis l’automne dernier, lorsque nous avons appris, Mme Altman et moi-même, la décision de la SNCF d’abandonner le wagon isolé et la menace directe qui pèse sur notre triage, nous avons réagi tout de suite et interpellé le gouvernement.

Le conseil municipal de Villeneuve-saint-Georges a adopté un vœu dans lequel il marque son opposition à la stratégie de casse de l’outil ferroviaire et à la fermeture du triage. La municipalité de Valenton en a fait de même. Enfin, j’ai eu l’occasion de présenter un vœu en séance plénière du conseil général du Val-de-Marne qui a été adopté à la majorité.

Il a fallu 5 mois au gouvernement pour nous répondre. Dans la lettre de réponse, aucun de nos arguments ne sont pris en compte et le cabinet de monsieur Borloo s’en tient au discours officiel.

Monsieur le député-maire d’Ivry, mon ami Pierre Gosnat, s’entendra répondre la même chose suite à son interpellation orale du gouvernement à l’assemblée nationale.

C’est d’ailleurs à son invitation que nous avons pu rencontrer les dirigeants de la branche fret de la SNCF dernièrement.

Toujours intéressant, l’échange à néanmoins montré que l’argumentaire de la SNCF, celui qui sert à justifier la mise en pièce des triages et à se préparer à déverser quelques 1 millions 500 000 poids lourds supplémentaires sur nos route dès cette année, ne repose que sur le déséquilibre comptable de la branche Fret.

Un mot là dessus, mais vous avez des éléments supplémentaires dans la plaquette « 6 pages » qui a été distribuée à 80 000 exemplaires ce qui me permettra de ne pas tout développer ici et donc de ne pas être trop long :

Nous affirmons que ce déséquilibre financier a été précisément la conséquence des orientations prises depuis 2002. La succession de plans Fret, tous présentés comme celui de la dernière chance, n’ont pas été orientés vers le développement de l’activité et des trafics. Ils prétendaient permettre un rééquilibrage des comptes en diminuant les coûts et en se débarrassant des trafics jugés insuffisamment rentables. La SNCF s’est orientée vers une contraction de son activité, la diminution des volumes transportés et donc l’affaiblissement des recettes que 10 000 suppressions d’emplois, la fermeture de gares, de triages et de lignes n’ont pu palier au plan financier.

En taillant dans l’appareil de production et le maillage du réseau ferré, la SNCF s’est engagée dans une spirale de déclin qui l’a poussé à toujours tailler davantage.

Et c’est avec ce bilan désastreux, résultat d’une stratégie suicidaire dénoncée avec force par les syndicats, les ONG, de nombreux élus, que les mêmes dirigeants de l’entreprise publique nous affirme aujourd’hui que le wagon isolé n’a pas d’avenir.

Et bien on n’est pas obligés de les croire !

« Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage ! » dit l’adage populaire. Et bien, c’est ce qu’appliquent les fossoyeurs du Fret par wagon isolé.

Nous ne sommes pas de doux rêveurs. Dire que le wagon isolé a réellement un avenir, à condition de mettre en place les moyens de son développement, de renouer avec une politique de volume et d’irriguer l’ensemble du territoire n’est pas une vue de l’esprit. C’est ce qui avait été engagé entre 1997 et 2002 et la SNCF avait transporté plus de 55 GTK, contre seulement 27 aujourd’hui.

Coté gouvernement, on accompagne la stratégie de la SNCF en vantant les mérites d’un engagement national pour le Fret ferroviaire, financé à hauteur de 7 milliards d’ici à 2020.

Voilà un titre ronflant et une somme rondelette, ma foi.

Mais, en regardant dans le détail, on s’aperçoit vite que cet engagement ressemble davantage à de l’enfumage qu’à une stratégie de développement.
Tout d’abord lorsqu’on nous parle de 7 milliards, c’est sur 10 ans. Ensuite, pour nombre de projets, il n’y a rien de nouveau, c’est la reprise de projets d’infrastructure anciens déjà actés (Lyon, Nimes, Montpellier).

On nous dit vouloir développer le transport combiné Rail-route, les autoroutes ferroviaires et encore le TGV Fret. Toutes ces techniques sont intéressantes, mais pas une seule ne se substituera au wagon isolé. Cet engagement national n’est qu’un camouflage pour justifier l’injustifiable. Nous sommes loin des envolées lyriques du Grenelle de l’environnement, dont il ne reste plus grand chose une fois traduites en actes. Le récent vote de la loi dite « Grenelle 2 » le confirme largement.

En fait, le trafic se reportera essentiellement vers la route.

Les dirigeants de la SNCF eux-mêmes le reconnaissent.

Ainsi, lors de notre rencontre avec les dirigeants du fret SNCF, ils nous ont fait part de leur prévision, sans doute pas minorées, de ce qui pourrait rester dans le giron de Fret SNCF après cette grande casse : 210 000 wagons débranchés par an, à comparer avec 390 000 de 2009 (année de crise économique), les 550 000 de 2008 et même les 730 000 de 2007 !

Rien que cela, c’est 1 millions de poids-lourds de plus !

Preuve supplémentaire que le wagon isolé est sacrifié volontairement, le refus de la SNCF de s’engager dans l’alliance européenne X-rail. Là aussi vous avez des explications à ce sujet dans la plaquette.

Le directeur adjoint de SNCF Geodis a du reconnaître que ce refus est motivé par une décision d’abandon de cette activité, alors que le projet X-rail vise à développer le lotissement et devient donc incompatible avec la stratégie de la SNCF.

J’en viens aux enjeux locaux.

Le triage de Villeneuve-saint-Georges est menacé, ou plutôt nous dit-on, mis en concurrence avec celui du Bourget en Seine-saint-Denis.

Certains nous ont demandé si nous avions des arguments pour défendre le triage de Villeneuve-saint-Georges contre celui du Bourget.

Nous ne rentrerons pas dans ce débat boutiquier.

Il serait irresponsable de jouer un triage contre un autre. D’abord, cela signifierait ne rien avoir compris au fonctionnement du transport des marchandises par wagons, notamment dans une région économique comme la nôtre, qui nécessite un réseau maillé et des infrastructures en nombre suffisant en regard du trafic potentiel.

Ce serait aussi se situer sur le terrain de la SNCF et du gouvernement, en acceptant leur stratégie, simplement en voulant « sauver les meubles ». Or, nous pensons pour notre part que d’accepter ou d’accompagner une telle stratégie c’est, à terme, prendre le risque de la fermeture de tous les triages, y compris celui qu’on voulait préserver.

J’ai en mémoire la fermeture du triage d’Achères, il y a quelques années. L’activité de ce triage avait été transférée sur Villeneuve, déjà au nom de la rentabilité financière. Je me souviens des discours de l’entreprise à l’époque, argumentant sur le fait que ce transfert allait pérenniser le triage de Villeneuve, et de quoi parle t-on aujourd’hui ? C’était, il y a moins de cinq ans…

Pour nous, il y a de la place pour des triages actifs en région parisienne. A Villeneuve, au Bourget mais aussi à Achères, Trappes, Vaires sur Marne, qui ont été fermés les uns après les autres.

Ce que nous n’éluderons pas par contre, c’est qu’un arrêt de l’activité du triage de Villeneuve aurait des conséquences importantes pour notre territoire.

L’emploi, tout d’abord, puisque 400 cheminots relèvent directement ou indirectement du périmètre fret sur le site de Villeneuve. De telles pertes en emplois viendrait aggraver une situation sociale déjà très difficile dans nos villes. Ce sont autant de débouchés pour nos jeunes qui disparaîtraient.

Le développement économique en serait affecté au moment où nous sommes engagés, à plusieurs collectivités, dans une OIN qui fait du site ferroviaire de Villeneuve triage une zone d’implantation d’activités économiques.

Cela ferait perdre un atout essentiel pour le développement de transports de marchandises non polluant à proximité de l’aéroport d’Orly, du MIN de Rungis ou encore du port de Bonneuil. Ces synergies sont déjà sous utilisées, voire inutilisées aujourd’hui.

Voilà, à l’échelle locale ; la traduction de l’absence d’une politique véritablement multi modale des transports, jouant sur les atouts de chaque mode (routier, ferroviaire, maritime, fluvial, aérien,..) et non pas l’un contre l’autre. Cela suppose aussi de considérer l’intérêt de telle organisation de transport par rapport à une autre en fonction de l’intérêt général, y compris sur la question des coûts supportés par la société. On verra que le rail et le wagon isolé ne sont pas si mal placé.


Voilà donc mesdames et messieurs, les quelques mots d’introduction que je souhaitais dire pour lancer notre débat, qui va, j’en suis sûr, très largement enrichir mon propos.

Avant de vous céder la parole, je souhaite redire que notre rencontre publique de ce soir est une première initiative et que notre collectif entend bien en organiser d’autres.

Déjà, nous serons présents, avec un stand, à l’occasion du festival de l’eau, à l’initiative du conseil général du Val-de-Marne, les samedi 12 et dimanche 13 juin, ici même à Villeneuve-triage.

D’autre part, notre collectif a demandé au ministre et au préfet l’organisation d’une table ronde concernant l’avenir du triage et du site ferroviaire, réunissant l’état, la SNCF, RFF, les élus locaux et parlementaires, les syndicats, les associations d’usagers etc…

Nous mettons en débat l’idée d’une manifestation ou d’un rassemblement en juin pour appuyer cette demande de table ronde, selon des modalités à définir. Je vous invite, au cours de notre échange à donner votre opinion sur cette proposition.

Je vous remercie de votre attention et place au débat.

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